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<< Les mots savent de nous ce que nous ignorons d'eux >>

Dimanche 20 juin 2010 à 16:12

 

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  << - Je ne critique pas tout dans votre ouvrage, mon cher Flaubert. L'histoire est bonne et tous les ingrédients sont là. Pourtant, la sauce ne prend pas. C'est la forme qui ne colle pas. Le message ne passe plus.
        - Mais mes descriptions ?, protesta Flaubert.
        - Justement ! Tout le monde les saute, vos descriptions? Vous passez à côté d'occasions formidables ! Vous ne parvenez même pas à caser un spot.
        - Un spot ?
        - Oui, vous déstabilisez vos lecteurs. Vous les privez de leur environnement socio-affectif. Comment voulez-vous être concurentiel face à Sabatier, à Santa Barbara, à Supercopter ou à JR ? Tenez, votre Emma, quand elle meurt, ça n'en finit pas. Le public ne peut plus gober ça. Voulez-vous que je vous dise ? Quand elle meurt, Mme Bovary, le lecteur, lui, zappe !
        - Il zappe ? 
        - Oui, il zappe d'une chaîne de télévision à l'autre, d'une femme à l'autre, d'un livre à l'autre et ça, monsieur Flaubert, c'est mauvais pour Audimat. >>

 

 


  
Pauvre Madame Bovary !, contrainte de se réveiller et de s'extirper de son lit des années 1857, pour venir épauler Flaubert dans son lourd challenge : la refaire vivre bien des mois plus tards, à notre époque ( 1988 plus précisement, date de la publication du roman ). Entre sponsors et hauteurs du Top50, la belle ira se perdre en Amérique,entre viols et désillusions, et verra son destin se construire au fur et à mesure des contrats publicitaires.
   Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur ne manque pas de culot ! Démonter l'une des figures les plus éponymes de la littérature française, la tourner en dérision, il faut tout de même oser le faire ! Cependant, sous cette provocation se cache une critique cinglante de l'évolution de la société, particulièrement des milieux de la culture et du showbiz. Le plus épatant, c'est que cette "radio" complète du squelette des années '88 reste, 22 ans plus tard, particulièrement pertinente. 
   Niveau style, rien de mirobolant, mais une écriture qui se laisse apprécier avec plaisir, en esquissant un demi-sourire ironique ( si si, il faut bien avouer, certains passages sont vraiment drôles ), et qui tend même par courts passages à imiter l'ami Flaubert ! Une lecture plaisante donc, et une idée originale et intéressante que cette " réecriture " ( qui n'en est pas vraiment une, et tiendrait plutôt d'une mise en abîme complètement dingue ! ). Ce n'est, il est indéniable, pas l'oeuvre du siècle, mais elle en reste néanmoins un ouvrage agréable !
   Lâchons donc nos repères habituels, prenons un peu de recul, regardons cette Emma Bovary complètement perdue ( comme toujours d'ailleurs ^^' ) évoluer dans l'univers décalé de la célébrité et des agents... fichtre que c'est bon :D



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Samedi 19 juin 2010 à 14:57

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Il y a certains livres qu'on ne tient pas comme les autres, mais plutôt comme des talismans; je m'explique : une entité un peu magique, mystique: quelque chose de grand, de puissant. C'est le cas du Hurlevent de la quatrième des cinq soeurs Brontë. Une lecture que j'attendais de m'offrir avec impatience depuis des mois, consciente des mystérieuses possibilités de cet ouvrage ( si Virginia Woolf l'aborde dans un de ces articles, ce n'est sûrement pas pour rien ! ). C'est chose faite, enfin.

   Petit résumé que je vous laisse tout le plaisir de découvrir
ici, passons maintenant aux choses dites sérieuses ! Le roman est d'une structure assez impressionante par sa rigueur qui conserve pourtant une indéniable fluidité, la psychologie des personnages est quasi-parfaite, réfléchie, surprenante, intelligente, et pourtant ! Honte à moi, mais le "romantisme" de ce livre m'a laissée...quasi de marbre ! Aucun frisson n'est, à mon grand regret, venu me parcourir l'échine à aucun moment ! Les passions sont ici identiques à l'espace qui les renferme : fragilisées par ce vent glacial qui souffle entre les lignes. Cependant, une question me taraude depuis quelques jours : serait-ce dû à une traduction minimaliste, qui ne délivrerait pas toute l'ampleur de la prose originale ? Quelqu'un l'aurait-il lu en anglais, et pourrait me donner son avis ?
   Malgré tout, c'est une lecture que je recommande fortement, aussi surprenant que cela puisse paraître face à mon avis précédent . Car cette atmosphère presque glaciale ( tout de même tempérée par des éclaircies et quelques moments de chaleur ) est peut-être ce qui fait le point fort du roman. Comment ? Je ne saurais le dire. Bien que mon opinion soit mitigée, ces quelques 400 pages me laissent comme un goût d'inachevé, des zones d'ombre qui restent à éclaircir; je pense qu'une relecture s'impose, and in english, of course !

Samedi 19 juin 2010 à 14:12

   Et bien je crois que c'est bon, cette fois je suis lancée ! Après moult hésitations, la décision est prise. Qui dit vacances dit temps "libre", et qui dit temps libre dit...lecture ! Seulement voilà, je suis du genre à commencer 4 bouquins en même temps, en finir 2 pour en commencer 3 autres, les finir, les arrêter en cours de route, les aimer, les vivre, les retrouver, les recommencer...fiiiou ! De quoi perdre un peu la tête ( en admettant qu'il m'en reste un tant soit peu =P ).
   Vous l'aurez donc compris, ce blog se voit affubler du très prestigieux rôle d'aide-mémoire ( hrrm hrrm...^^' ), et va devoir supporter toutes les remarques que ma petite caboche émet  sur les divers ouvrages lus. Histoire de retenir, de faire vivre, de penser...et puis soyons fous, de partager !




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